Publicado

2014-01-01

Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse

Semantic Classes and Lexical Translation in the Field of the Stock Market

Clases semánticas y traducción léxica en el campo de la bolsa

Palabras clave:

classes sémantiques et classes d’objet, métaphore, traduction, lexique de la bourse (fr)
semantic classes and classes of object, metaphor, translation, stock-market lexicon, predicates and arguments (en)
Clases semánticas y clases de objeto, metáfora, traducción, léxico de la bolsa, predicados y argumentos (es)

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L’approche de textes spécialisés suscite quelques difficultés en ce qui concerne la recherche d’équivalents en langue cible. Nous avons examiné le lexique de la bourse par le biais de textes journalistiques et plus particulièrement de commentaires boursiers. Notre recherche s’est centrée sur l’application du cadre méthodologique du lexique-grammaire et sur la notion de classes sémantiques comme instrument qui constitue une clé d’accès au sens et par là même facilite la traduction. Dans cet article, nous ferons une brève description du lexique de la bourse en termes de classes d’objets ; nous verrons aussi comment cette structuration est opératoire pour la traduction. Finalement, nous présenterons quelques ressources linguistiques-informatiques que nous avons développées en vue du traitement automatique.
The approach to specialized texts generates some difficulties towards the search of equivalents in the target language. The study was focused on the lexicon of the stock-market through journalistic texts and particularly on stock-market commentaries. The research was focused on the application of the methodological framework of lexicogrammar and the notion of semantic classes as a tool that constitutes an access code to the sense and therefore, eases translation. In this article we will do a brief description of the stock-market lexicon in terms of types of objectives; we will also see how this structuration is operative for translation. Finally, we will present some computer-linguistic resources that we have developed for the automatic processing.

El acercamiento a textos especializados genera algunas dificultades en cuanto a la búsqueda de equivalentes en la lengua de llegada. El estudio se enfocó en el léxico de la bolsa a través de textos periodísticos y particularmente, comentarios bursátiles. La investigación se centró en la aplicación del marco metodológico del léxico-gramática y en la noción de clases semánticas como herramienta que constituye una clave de acceso al sentido y por lo tanto facilita la traducción. En este artículo realizaremos una breve descripción del léxico de la bolsa en términos de clases de objetos; veremos también, como ésta estructuración es operativa para la traducción. Finalmente, presentaremos algunos recursos lingüísticos-informáticos desarrollados para el procesamiento automático.



Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse1

Clases semánticas y traducción del léxico de la bolsa

Semantic Classes and Lexical Translation in the field of Stock Market

Dolors Català Guitart
dolors.catala@uab.cat
Universidad Autónoma de Barcelona, Barcelona, España


Résumé

L’approche de textes spécialisés suscite quelques difficultés en ce qui concerne la recherche d’équivalents en langue cible. Nous avons examiné le lexique de la bourse par le biais de textes journalistiques et plus particulièrement de commentaires boursiers. Notre recherche s’est centrée sur l’application du cadre méthodologique du lexique-grammaire et sur la notion de classes sémantiques comme instrument qui constitue une clé d’accès au sens et par là même facilite la traduction. Dans cet article, nous ferons une brève description du lexique de la bourse en termes de classes d’objets ; nous verrons aussi comment cette structuration est opératoire pour la traduction. Finalement, nous présenterons quelques ressources linguistiques-informatiques que nous avons développées en vue du traitement automatique.

Mots-clés : Classes sémantiques et classes d’objet, métaphore, traduction, lexique de la bourse, prédicats et arguments.


Resumen

El acercamiento a textos especializados genera algunas dificultades en cuanto a la búsqueda de equivalentes en la lengua de llegada. El estudio se enfocó en el léxico de la bolsa a través de textos periodísticos y particularmente, comentarios bursátiles. La investigación se centró en la aplicación del marco metodológico del léxico-gramática y en la noción de clases semánticas como herramienta que constituye una clave de acceso al sentido y por lo tanto facilita la traducción. En este artículo realizaremos una breve descripción del léxico de la bolsa en términos de clases de objetos; veremos también, como ésta estructuración es operativa para la traducción. Finalmente, presentaremos algunos recursos lingüísticos-informáticos desarrollados para el procesamiento automático.

Palabras clave: Clases semánticas y clases de objeto, metáfora, traducción, léxico de la bolsa, predicados y argumentos.


Abstract

The approach to specialized texts generates some difficulties towards the search of equivalents in the target language. The study was focused on the lexicon of the stock-market through journalistic texts and particularly on stock-market commentaries. The research was focused on the application of the methodological framework of lexicogrammar and the notion of semantic classes as a tool that constitutes an access code to the sense and therefore, eases translation. In this article we will do a brief description of the stock-market lexicon in terms of types of objectives; we will also see how this structuration is operative for translation. Finally, we will present some computer-linguistic resources that we have developed for the automatic processing.

Keywords: semantic classes and classes of object, metaphor, translation, stock-market lexicon, predicates and arguments.


Notre recherche se centre particulièrement sur le lexique du domaine de la Bourse car ce dernier semble constituer un des obstacles importants dans l’accès aux discours de spécialité; sans doute parce que, comme dit Portine :

Quoiqu'il en soit, l'on ne peut négliger cette exigence désignatrice : il faut apprendre à nommer et apprendre à repérer les façons de nommer et leurs éventuelles implications (Portine, 1989).

L'observation de ce type de discours dans des journaux comme Le Monde, Le Figaro, Libération ou des hebdomadaires spécialisés comme Expansion, Challenges ou L’obs met en évidence le recours fréquent à ce genre de vocabulaire. En effet, l’essor spectaculaire de la Bourse depuis les années 80 et l'évolution des sociétés vers une préoccupation plus générale pour les grands phénomènes du monde économique expliquent que, peu à peu, la présentation et les commentaires des informations économiques se soient multipliés dans la presse quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle.

Dans un travail précédent (Català, 1999), nous avons distingué entre :

  • Le lexique spécialisé, qui n'a qu'une faible incidence dans le discours spécifique et de plus ne constitue aucune difficulté de compréhension pour le spécialiste dans le domaine considéré surtout lorsqu’il utilise une langue voisine. Nous pouvons retenir à ce niveau des expressions comme : marchés financiers, émette, mettre sur le marché, à l’ouverture, à parité, surcoté, convertible...
  • Le vocabulaire appartenant à la langue générale mais utilisé avec une grande fréquence comme ce pourrait être le cas, dans notre contexte, d’unités lexicales telles que augmenter, diminuer, chuter, baisse, élevé, cher...
  • Le vocabulaire appartenant à la langue générale mais utilisé avec un sens particulier comme dégringolade, flambée, bondir, s’effriter...

Les dictionnaires économiques couvrent assez bien le lexique spécialisé, en revanche, ils négligent souvent les unités lexicales qui apparaissent dans les discours de semi-vulgarisation. Pourtant la difficulté de l’approche de textes spécialisés réside beaucoup plus dans la compréhension du vocabulaire général en contexte et la recherche d’équivalents que dans le discours spécifique lui-même. C’est pourquoi, nous considérons qu’une étude de ce genre s’avère pertinente.

Pour ce faire, nous ne nous limiterons donc pas à décrire un ensemble d’unités lexicales spécifiques à ce domaine spécialisé mais nous nous intéresserons plutôt à l’emploi des usages que l’on fait de la langue dans une situation communicative déterminée et aux aspects syntactico-sémantiques de son emploi. Car comme dit Dominique :

Là où le profane ne songerait qu'à des termes antonymiques tels que hausse/baisse, gain/perte, ces deux vocabulaires du commentaire boursier (le français et l'anglais) multiplient les métaphores, varient les constructions syntaxiques, surprennent par des collocations syntagmatiques inusitées, et constituentune véritable stylistique. (Dominique, 1971, p.55, cité par Betty Cohen, 1986).

Ainsi, dans le but de décrire les emplois, les usages que l’on fait de la langue générale dans le contexte de la bourse, nous présenterons dans un premier temps la démarche lexicographique que nous avons suivie. Puis nous ferons une brève description du lexique de la bourse en termes de classes d’objets ; nous ferons quelques remarques sur les équivalents de traduction et nous verrons aussi comment cette structuration est opératoire pour la traduction. Finalement, nous présenterons quelques ressources que nous avons développées en vue du traitement informatique.

Cadre théorique

Pour faire une description du lexique de la bourse, nous avons adopté la démarche du lexique-grammaire (Harris, 1976) (Gross, M., 1975) (Gross, G., 1994, 2012). Le principe fondamental est que les propriétés syntaxiques des mots du lexique peuvent s’observer et être analysées seulement dans le cadre de la phrase simple (ou phrase élémentaire) qui est l’expression syntaxique d’un seul prédicat sémantique et qui peut être décrit, d’un point de vue logique-propositionnel, comme un opérateur avec son domaine d’arguments :

Opérateur (arg 1, arg 2, arg 3...)

Beaucoup de mots de la langue française étant polysémiques, la phrase, considérée comme unité de base, lèvera toute ambiguïté sémantique puisqu’elle permet d’isoler le sens des éléments lexicaux et les emplois particuliers qui leur sont associés.

Un prédicat sémantique peut s’exprimer linguistiquement par plusieurs types d’opérateurs, notamment ils peuvent appartenir à différentes catégories grammaticales ou «parties du discours» : verbes, adjectifs, adverbes - catégories traditionnellement considérées comme prédicatives - mais aussi des substantifs ou même des prépositions. C’est l’opérateur qui sélectionne le nombre et la nature de ses arguments :

  1. Les investisseurs achètent des actions

Dans cet exemple, l’élément prédicatif est achètent et ses arguments sont les investisseurs (arg 1) et actions (arg 2). Ainsi, un opérateur donné a un domaine d’arguments qui lui est propre et est défini par la nature de ces arguments (Harris, 1976). Pour rendre compte de cette relation, les grammaires formelles décrivent les arguments à l'aide des traits syntactico-sémantiques comme : humain, concret, abstrait, animal ... L'utilité de ces traits pour lever l’ambigüité des opérateurs dans un premier niveau apparaît incontestable. Ainsi, on distingue deux emplois de s'apprécier selon que le sujet est humain ou inanimé concret :

  1. Les voisins s'apprécient
  2. Le dollar s'apprécie
  3. Dans (2), le sujet voisins est humain, le verbe s’apprécie signifie alors s’estimer, le sens sera constant si le sujet est humain (et pluriel) :

Dans (3), le sujet dollar n’est pas un humain et le verbe signifie augmenter de valeur.

Cependant, cette description est trop générale car elle comprend de nombreuses phrases non acceptables comme par exemple :

  1. *La table s'apprécie2

Dans (5), le sujet respecte la condition de non-humain, mais le sens est somme toute bizarre. Ces descriptions s'améliorent si l'on sous-classe les traits à l’aide d’étiquettes sémantiques comme, par exemple, <produits_financiers> <unité_monétaire> :

  1. Les obligations s’apprécient
  2. L’euro s’apprécie par rapport au dollar

Ces sous-ensembles de mots constituent des classes lexicales, syntaxiquement et sémantiquement homogènes, que Gaston Gross (Gross, G., 1994, p.15) a appelées des classes d'objets. Une classe d'objets est définie par les relations syntaxiques que ses objets entretiennent avec une ou plusieurs classes de verbes appelés opérateurs appropriés.

Structuration du domaine de la bourse

Le domaine de la bourse, comme nous l’avons dit, est très vaste, il ne se limite pas à l’emploi d’unités lexicales spécifiques comme émission, souscription, à la côte, mais il fait appel à de nombreuses lexies de la langue générale utilisées avec un sens particulier.

Aussi, pour constituer notre dictionnaire, plusieurs sources ont été examinées : des dictionnaires spécialisés, des banques de données terminologiques consultées sur divers sites internet, des ouvrages spécialisés, ainsi que des revues comme Challenges, Les échos, La vie française, De Fondos, Expansión, Negocios, Inversión...

À partir des principes exposés antérieurement, nous avons élaboré un module de dictionnaire électronique concernant le lexique du domaine de la Bourse français-espagnol comprenant 1650 entrées (Català, 1999).

Chaque lemme est décrit par une série fixe de rubriques contenant des informations morphologiques et sémantiques, comme nous pouvons le voir ci-dessous (voir Figure 1) :

Nous avons établi les différentes classes sémantiques du domaine et, en ce qui concerne les arguments, nous avons distingué (Català, 2000) :

  • Les acteurs du domaine ou agents financiers caractérisés par le trait humain ou humain collectif comme les autorités financières.
  • Les produits financiers caractérisés par le trait inanimé concret ou abstrait.
  • Les noms locatifs comme les villes, continents, marchés financiers.

En ce qui concerne les prédicats, nous avons distingué trois classes :

  • Les actions qui définissent les opérations financières
  • Les états qui caractérisent l’état des produits financiers
  • Les événements qui rendent compte des fluctuations économiques

Dernièrement, le groupe de recherche (FlexSem-UAB) auquel j’appartiens, est en train d’élaborer des classes sémantiques beaucoup plus fines (Blanco, 2010 ; Polguère, 2011) et de les appliquer à des dictionnaires généraux espagnols. Postérieurement nous aborderons les langues de spécialité notamment celle qui nous occupe ici. Le point de départ est constitué par deux grandes classes sémantiques : ENTIDAD et HECHO. La classe ENTIDAD est composée de 19 sous-classes étiquetées comme par exemple : Bien, Conjunto, Lugar, Materia, Objeto físico, Ser vivo, Ser imaginario, Entidad Social, Visual, etc. La classe HECHO se divise en 17 sous-classes ou étiquettes du type : Acción, Acontecimiento, Actitud, Actividad, Característica, Comportamiento, Estado, Período, Proceso, Situación, etc. Ces sous-classes sont, à leur tour, subdivisées. étant donné qu’il s’agit d’un travail de longue haleine qui n’en est qu’à sa phase initiale de description, nous ne nous attarderons donc pas trop sur ce point.

À titre d’illustration, nous citerons quelques classes d’objets retenues (voir Figure 2.) :

En suivant les mêmes prémisses et les mêmes outils, nous avons commencé à construire un module de dictionnaire du lexique de la bourse espagnol-français (Català, 2003). Ce lexique-grammaire présente les mêmes informations linguistiques que celles données dans le module français en vue de mettre en rapport les descriptions monolingues. Cela nous permet d’obtenir non seulement la traduction du terme en question, mais aussi toutes les informations nécessaires à la mise en discours de l’équivalent de traduction (voir Figure 3.) :

Ces équivalents de traduction fonctionnent comme des pointeurs vers un dictionnaire électronique de la langue cible doté de descriptions linguistiques effectuées d’après les mêmes principes. Nous appelons ces dictionnaires couplés par une relation de traduction des dictionnaires « coordonnés » (Blanco, 2001).

Ces deux modules nous permettent aussi d’établir des comparaisons entre les unités présentées, c’est ce que nous allons aborder au point suivant.

Remarques sur la traduction français/ espagnol

La tâche du traducteur s’avère spécialement complexe et pose des problèmes multiples qu’il n’est guère possible de décrire ici ; mentionnons simplement que le processus de traduction fait intervenir des savoirs extrêmement divers - connaissances d es langues source et cible (lexique et grammaire), connaissances du domaine spécifique du texte à traduire, connaissances générales de nature encyclopédique (culturelle-conceptuelle) - et des savoir-faire - capacité de faire des inférences, etc. - intimement imbriqués. En quoi notre dictionnaire va-t-il faciliter cette tâche? Quelles remarques pouvons-nous faire sur les équivalents proposés ?

Unités simples

La polysémie que l’on observe dans les langues naturelles se manifeste d’abord dans le domaine des prédicats. Dans la langue naturelle peu de verbes se limitent à un seul emploi. Nous avons vu plus haut comment les traits comme abstrait ou concret étaient insuffisants pour distinguer les différents emplois d’un verbe. Mais, dès que l’on décrit les opérateurs comme nous l’avons signalé, c’est à dire en notant avec la précision maximale le domaine des arguments, il devient plus aisé de proposer des équivalents de traduction. En effet, chaque entrée du dictionnaire électronique est constituée d’un opérateur et de ses arguments définis en termes de propriétés syntactico-sémantiques et classes d’objets, ce qui permet de rendre compte de la polysémie et par conséquent de réduire de nombreuses ambiguïtés, comme l’illustrent les exemples ci-dessous3 où chaque unité lexicale (prédicat ou verbe support) se caractérise par une combinatoire différente, et, de ce fait, les équivalents de traduction mettent en évidence les différences de sens (voir Figure 4) :

Si nous observons les équivalents de traduction que nous avons proposés dans notre module, nous remarquons que certains prédicats français correspondent au nom prédicatif espagnol correspondant grimper - escalada, éroder - erosión accompagné d'un verbe support. D'autres sont rendus par une glose boursicoter - hacer pequeñas operaciones de bolsa. Certains prédicats à valeur métaphorique comme par exemple décoller - despegar maintiennent cette valeur en espagnol alors que d'autres la perdent dégringoler - hundirse, bondir, sauter - subir, fléchir - disminuir.

Unités composées

Les unités composées forment une partie importante de tout lexique spécialisé. Il s’agit de groupes nominaux dont l’ensemble des propriétés sémantiques et syntaxiques ne peut être prévu à partir des propriétés de leurs constituants. Leur traduction pose de ce fait de nombreux problèmes. Même avec des langues proches comme le français et l’espagnol, on ne peut pas toujours s’appuyer sur la transparence translinguistique, le composé n’étant pas un groupe libre, sa traduction n’est pas construite mais sélectionnée en tant qu’équivalente de traduction parmi les unités lexicales de la langue cible ; ainsi entrée en bourse ne correspond pas à *entrada en bolsa, comme on pourrait s’y attendre mais à salida a bolsa.

D'autre part, même quand les constituants du composé restent les mêmes dans la langue cible, la forme du composé n'est pas pour autant prévisible, il peut avoir la même forme par exemple offre publique d'achat - oferta pública de compra ou être différent ainsi emprunt gouvernemental, qui est un NA (Nom Adjectif) correspond à un NdN (Nom de Nom) empréstito del gobierno, et. action de banque, NdN correspond à un NA acción bancaria. Ils peuvent outre présenter de petites différences grammaticales (choix d'une préposition ou d'un déterminant) comme dans obligations à coupon unique - obligaciones con cupón único, obligations en vue- obligaciones a la vista, obligation d'étatobligaciones del estado, offrir en souscription- ofrecer a suscripción, vendre à découvert - vender al descubierto... qui rendent assez complexe l'établissement des correspondances entre les deux langues.

Lorsque les constituants du composé ne sont pas tous sémantiquement présents, la traduction s'éloigne davantage comme dans billets de trésorerie - pagarés de empresa, action à dividende prioritaire - acción preferente, actions bénéficiaires - acciones en premio. Il est donc important dans le cadre de l'enseignement de la traduction de mettre l'accent sur la description minutieuse des composants et sur leur mise en rapport avec l'unité correspondante en langue cible.

Verbes supports

Observons les deux phrases suivantes :

Pierre enregistre une société
La bourse de Tokyo enregistre une baisse

Dans le premier exemple, la combinaison du prédicat enregistrer et société est une association libre, et dans le deuxième exemple, enregistrer est un verbe support et l’association enregistrer - baisse est figée. Les verbes supports permettent à un prédicat de s’actualiser dans le temps. Ils ne sont pas sélectionnés lexicalement par leur propre signifié. Ils sont difficilement prévisibles et, de plus, ils varient d’une langue à l’autre ; de là la difficulté de les traduire. Ainsi, par exemple, les verbes supports qui actualisent généralement les prédicats des fluctuations sont enregistrer et afficher, connaître alors qu’en espagnol on a recours à experimentar, registrar.

Il n’y a donc pas de motivation sémantique évidente pour le choix du verbe support, c’est pourquoi il va falloir le spécifier dans l’article lexicographique du nom prédicatif (noté W cf. Figure 1.)

En outre, une autre difficulté s’y ajoute. Les verbes supports présentent des restrictions de combinatoire. On peut dire : afficher une hausse et afficher une baisse, mais on ne peut pas dire : subir une hausse et *subir une baisse, ni accuser une baisse et *accuser une hausse. On retrouve le même phénomène en espagnol : experimentar una caida,experimentar un crecimiento mais sufrir una caida, *sufrir un crecimiento.

Quelques verbes support gardent un certain lien avec leur contrepartie libre, par exemple accuser-sufrir gardent la polarité négative que présente leur contrepartie libre, ainsi ils vont se combiner avec des prédicats comme baisse, diminution, chute - baja, disminución, caida, c’est ce qui les empêchent de se combiner avec des prédicats comme hausse, croissance - alza, crecimiento.

Néologismes

Comme conséquence de l’essor et la domination économique et financière des états-Unis sur le reste du monde, il n’est pas étonnant de constater que bon nombre des unités lexicales spécifiques à la bourse créées récemment soient des métaphores d’origine anglaise. On y retrouve quelques unités métaphoriques pour désigner des humains ainsi pour parler des jeunes agents de change ambitieux, on utilisera l’expression figée :

En : trader, golden boy ; Fr : trader, golden boy ;
Es : trader, chico de oro

Les spéculateurs qui achètent en secret des actions d’une entreprise sous-cotée en vue de lancer une OPA sont rendus comme suit :

En : raider ; Fr : prédateur, attaquant ; Es : tiburón

En ce qui concerne les opérations boursières, et notamment pour parler de la ruine de la bourse, on utilise la même onomatopée dans les trois langues :

En : crac, crash ; Fr : krach, crac; Es : crac, colapso, crisis

Par analogie avec l’explosion cosmique qui est à l’origine de l’univers, on parle de l’implantation du système électronique pour les transactions en bourse en 1987 comme le :

En : big bang; Fr : big bang ; Es : big bang

Les mouvements monétaires internationaux à courte échéance sont désignés comme suit :

En : hot money ; Fr : capitaux flottants ; Es : dinero caliente

Pour finir en ce qui concerne les produits financiers de qualité, on dit :

En : blue chips ; Fr : valeurs de père de famille ;

Es : valores seguros o punteros

par contre pour nommer les obligations à haut risque émises par un prédateur :

En : junk bond ; Fr : obligation pourrie ; Es : bono-basura

Nous pouvons donc conclure que ces néologismes de la langue anglaise ont été en général adaptés à l’espagnol et au français conceptuellement et formellement.

Métaphores

“Les introductions en Bourse vont fleurir en automne”
(échonet-7 septembre 1998)

Le discours de vulgarisation économique, afin de produire un certain impact sur le récepteur, a souvent recours au pouvoir évocateur des métaphores empruntées à des domaines divers de la vie quotidienne afin de le convaincre, à agir sur lui voire à le faire agir. La métaphore renvoie à l’expérience collective d’une société et, de ce fait, fournit la clé de la compréhension du message, c’est sur ce point que bute l’apprenant d’une langue étrangère ainsi que le traducteur (Català & Mellado 1999a ; 1999b)

  1. L’étrange accès de fièvre des marchés émergents (Les Echos 16/4/2015)
  2. Les bolcheviks de la Bourse (Le Nouvel Observateur 6-12 /2/1997)
  3. Les banques françaises au cœur de la tourmente boursière (La Croix 11/8/2011)
  4. Les ménages américains dont les portefeuilles sont truffés d’actions IBM, se sont rempli les poches (Le Nouvel Observateur 6-12/2/ 1997)
  5. Club Med : Fosun relance encore la bataille boursière (Les échos 2/12/2014)
  6. La crise contamine l’activité touristique en Espagne (Econostrum. info 5/07/2012)
  7. Bourse : autre plongeon en Chine, le calme à Toronto (Les affaires 3/7/2015)

Les exemples ci-dessus évoquent des domaines connus, le (1) et (2) renvoient au domaine de la santé et à celui de l’histoire, le (3) fait référence au domaine de la climatologie, le (4) à celui de l’alimentation, avec le (5) nous avons affaire au domaine militaire, avec le (6) à l’environnement et finalement avec le (7) aux sports. Ces emprunts aux différents domaines de spécialité, convoqués pour créer différents effets de style, comportent un jugement de valeur implicite visant à influencer le lecteur. Ils permettent par conséquent d’explorer les traces qui manifestent, en surface, l’appréciation que le journaliste porte sur la situation de la Bourse. Ainsi des mots comme fièvre, tourmentes, bataille, plongeon, impliquent en fait une valeur appréciative négative.

Ce recours constant aux métaphores est facilement transposable dans d’autres langues. Ainsi, nous trouvons des métaphores semblables dans la presse espagnole :

  1. China estornuda y Wall Street se acatarra (Expansión 1/13/2007)
  2. La Bolsa rompe aguas (Ranking julio-agosto 1997)
  3. Los bancos españoles capean el temporal bursátil mejor que los italianos pero peor que los franceses (Capital Madrid 11/12/2012)
  4. La pugna bursátil entre IAG y Ryanair se encona tras la OPA sobre Aer Lingus(Capital Madrid, 4/7/2015)
  5. La Bolsa española se contagia de la magia y vuelve a niveles de junio de 2008 (Estrella digital, 10/07/2015)

La description ci-dessus peut donc être appliquée aussi bien au français qu’à l’espagnol, si nous faisons une analyse contrastive des domaines utilisés, des constructions syntaxiques ou des connotations culturelles. Nous pouvons constater un certain parallélisme dans les deux langues selon le domaine utilisé (exemples 1 en français et espagnol, exemple 3 en français et en espagnol, exemple 5 en français et 4 en espagnol, 6 en français et 5 en espagnol) même si parfois certaines métaphores employées en français ne trouvent pas d’équivalent en espagnol, et à l’inverse, de nombreuses images espagnoles ne sont pas reprises en français.

D’autre part, nous pensons que la structuration en classes sémantiques constitue une clé d’accès aux mécanismes métaphoriques dans l’analyse automatique du discours et par là même nous aide à trouver des équivalents dans la langue cible. La métaphore remplace des concepts abstraits par des concepts appartenant à notre expérience quotidienne. Elle constitue une opération de substitution sémantique, une transgression.

Nous avons dit plus haut que les classes sémantiques étaient définies par le fait d’être sélectionnées par des opérateurs appropriés par exemple si nous considérons la classe sémantique des <aliments>, des verbes comme manger, dévorer, croquer seraient des opérateurs appropriés sélectionnant les noms de cette classe en position d’objet direct. : Il mange un hamburger. La métaphore s’obtient en introduisant dans un domaine d’arguments, les caractéristiques d’un prédicat donné, un substantif qui ne fait pas partie de la classe sémantique en question. Ainsi, si nous observons les deux titres suivants qui nous parlent du développement de l’entreprise Mc Donald’s :

  1. Mc Donald’s dévore le monde
  2. L’ogre d’Oak Brook s’est mis à table pour croquer la planète

Nous constatons que le sujet est un humain par métonymie dans les deux phrases, il est sélectionné par dévorer et croquer, qui sont des opérateurs appropriés de la classe sémantique des <aliments>, mais qui prennent un sens particulier du fait de leur combinaison avec monde et planète arguments qui ne font pas partie de la classe des <aliments> mais appartenant à la classe sémantiques <astres>.

Ainsi, dans la recherche d’équivalents, l’établissement des différentes classes d’objets fournit bon nombre d’éléments indispensables à l’élaboration d’outils de référence pour la traduction automatique. En effet, si la métaphore apparaît lorsqu’on applique les opérateurs appropriés d’une classe d’objets à une autre, nous pouvons facilement reconnaître et produire de nouvelles métaphores à partir de la liste des opérateurs appropriés de différentes classes d’objets par exemple <maladie> (exemples 3 et 4), <hum doctrine> (exemple 5), <évènement> (exemple 6) et de la syntaxe courante des métaphores :

  1. La Bourse a des quintes de toux
  2. La bourse a attrapé la grippe
  3. Les Jacobins de la Bourse
  4. Orages monétaires

Grammaires locales

Notre module de dictionnaire est complété par l’utilisation de grammaires régulières ou grammaires locales qui permettent de décrire des phénomènes plus ou moins complexes. Elles permettent de factoriser un nombre d’expressions difficiles à traiter sous forme de liste. Sous Unitex (Paumier, 2004), système de traitement automatique de la langue naturelle, un éditeur de graphes permet d’élaborer des grammaires locales sous forme de graphes correspondant à des automates à états finis. Ce système de formalisation permet de reconnaître toutes les occurrences d’une grammaire donnée.

La Figure 5 présente toutes les combinaisons possibles avec l’unité lexicale indice, les cases grises correspondent à des sous-graphes comme Indice,Ddef, Dnum, Date ; cette dernière boîte fait appel à d’autres sous-graphes comme les jours de la semaine, les jours du mois... Ce genre de représentation permet de montrer d’une façon nette les contraintes locales.
Ce graphe reconnaît des phrases telles que :

L’indice Nikkei a fini sur une hausse de 0,5%
Le titre a ouvert sur une hausse de 25,16%
L’indice Dow Jones a clôturéen recul de 394,64 points
L’indice de référence a ouvert sur une baisse

Cette structuration fournit les informations nécessaires à la reconnaissance des suites de mots dans des textes. Elle peut être utile à la traduction automatique.

Conclusion et perspectives

Nous avons présenté notre lexique-grammaire du lexique de la bourse en utilisant les mêmes outils que pour la langue générale en nous basant sur la notion de classes sémantiques. Cette méthodologie peut être facilement appliquée à d’autres types de discours : médical, juridique, scientifique, etc...Nous avons essayé de montrer que la structuration en classes sémantiques pouvait être opératoire pour la traduction dans la mesure où elle permet de monosémiser les prédicats et par là même de trouver des équivalents de traduction. Il nous semble cohérent d’affirmer qu’elles représentent un atout non négligeable pour le traducteur ; nous avons aussi vu que cette structuration permettait de détecter automatiquement des métaphores dans un texte. Nous avons commencé à créer quelques outils utiles en vue du traitement automatique mais leur implémentation reste à faire. Nous nous proposons aussi dans une recherche future d’enrichir cette description en classes d’objets moyennant des classes sémantiques plus fines comme celles qui sont en cours dans notre laboratoire.


Notas

1 Cette recherche a été financée par le Ministerio de Economía y Competitividad espagnol dans le cadre du projet R&D FFI2013-44185-P Jerarquía de etiquetas semánticas (español-francés) para los géneros próximos de la definición lexicográfica.
2 Le signe * indique que la phrase obtenue est incorrecte.
3 Il s’agit d’exemples simplifiés en vue de notre argumentation.


Références

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Revista Electrónica Matices en Lenguas Extranjeras, Número 8. ISSN 2011-1177.
Universidad Nacional de Colombia - Facultad de Ciencias Humanas - Departamento de Lenguas
Extranjeras.
Bogotá. http://revistas.unal.edu.co/index.php/male

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Català Guitart, D. (2014). Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse. Matices en Lenguas Extranjeras, (8), 33–48. https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/54794

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[1]
Català Guitart, D. 2014. Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse. Matices en Lenguas Extranjeras. 8 (ene. 2014), 33–48.

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Català Guitart, D. Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse. Matices Leng. Extranj. 2014, 33-48.

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CATALÀ GUITART, D. Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse. Matices en Lenguas Extranjeras, [S. l.], n. 8, p. 33–48, 2014. Disponível em: https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/54794. Acesso em: 29 mar. 2024.

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Català Guitart, Dolors. 2014. «Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse». Matices En Lenguas Extranjeras, n.º 8 (enero):33-48. https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/54794.

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Català Guitart, D. (2014) «Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse», Matices en Lenguas Extranjeras, (8), pp. 33–48. Disponible en: https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/54794 (Accedido: 29 marzo 2024).

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D. Català Guitart, «Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse», Matices Leng. Extranj., n.º 8, pp. 33–48, ene. 2014.

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Català Guitart, D. «Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse». Matices en Lenguas Extranjeras, n.º 8, enero de 2014, pp. 33-48, https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/54794.

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Català Guitart, Dolors. «Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse». Matices en Lenguas Extranjeras, no. 8 (enero 1, 2014): 33–48. Accedido marzo 29, 2024. https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/54794.

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1.
Català Guitart D. Classes sémantiques et traduction du lexique du domaine de la bourse. Matices Leng. Extranj. [Internet]. 1 de enero de 2014 [citado 29 de marzo de 2024];(8):33-48. Disponible en: https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/54794

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