Publicado

2014-01-01

Editorial

Autores/as

  • Patrick Chardenet Universidad Nacional de Colombia- Sede Bogotá
Editorial

Éditorial

Les langues, un capital pour les universités

La linguistique nous a appris que la capacité des structures de la langue (graphèmes, phonèmes mots, phrases, énoncés, textes, discours ...) à se combiner pour représenter les objets matériels et immatériels du monde connu et à mettre en hypothèse l’inconnu par leurs assemblages, est quasiment infinie car les langues vivantes sont actives et se renouvellent par l'activité des locuteurs. Pour l'ensemble des langues disponibles dans les espaces sociaux d'interlocution, cette dynamique engendre une variété de systèmes et de combinaisons qui rendent compte d'une adaptation à la densité et à la complexité des besoins de communication que ne peut épuiser une seule langue imposée. La pluralité des langues a toujours été un atout culturel pour la production et la diffusion des sciences, et la traduction s'est imposée comme une contrainte productive, source d’enrichissement de la pensée scientifique et de ses applications technologiques. L’emprunt et la circulation des notions sont des nécessités pour la recherche.

On connaît les approches sociologique de Pierre Bourdieu (1977; 1982)1, et sociolinguistique de Louis-Jean Calvet (1987; 1994)2 qui mettent en avant le capital linguistique comme un bien symbolique chargé de rapports sociaux de pouvoir. La détention de ce capital (par analogie à la détention du capital économique) procure du pouvoir et en être dépourvu place le sujet dans l'insécurité. Ces approches sont applicables aussi bien à la langue première qu'aux langues étrangères. Dans l'espace académique, où le maniement des langues joue un rôle déterminant dans la production, la diffusion et l'enseignement des savoirs, ce capital est représenté par le répertoire linguistique et langagier des sujets (les étudiants, les enseignants-chercheurs) mais aussi par l'ensemble des supports, ressources humaines et institutionnelles, qui permettent à l'université d'accueillir le Monde (les mobilités internationales entrantes, les savoirs internationaux intrants) et d'accéder au Monde (les mobilités internationales sortantes, les savoirs locaux extrants). Les revues scientifiques sont au coeur du dispositif de contacts entre ces savoirs. Plus elles sont multilingues, mieux elles permettent de comparer, de relier et d'interroger les savoirs. Le degré d'internationalisation en termes d'efficacité scientifique ne se mesure pas à l'usage d'une langue supposée universelle mais au potentiel d'exposition aux langues des étudiants et des enseignants-chercheurs. Nous devons être conscients que seulement 1/3 de la population mondiale manie les cinq langues les plus internationalisées (anglais, espagnol, français, arabe, portugais) et que de nombreux savoirs endogènes produits sur des objets de recherche localisés sont constitutifs du patrimoine mondial qui tendrait à se réduire faute de pouvoir être diffusé.

S’accorder, à ce moment de l’accélération de l’internationnalisation et de la déterritorialisation des flux de communication que permet un développement technologique rapide et massif, sur une seule langue supposée faciliter les échanges scientifiques, c’est créer progressivement les conditions de coups de frein plus ou moins brusques à tel ou tel moment, dans tel ou tel champ de connaissance et par effet dans telle ou telle discipline académique. Paupérisation relative des savoirs à travers des réductions conceptuelles masquées par une apparente facilité de communication intense et massive, l’imposition d’une langue unique est un risque pour la science, pour sa production (qui repose sur des liens étroits entre pensée, langage et langues), pour sa diffusion élargie (communication scientifique, enseignement). Un idiome ne s’impose pas en soi comme langue de la science, mais par son exercice social qui repose toujours sur le libre arbitre des interlocuteurs.

Il faut donc saluer les décisions stratégiques des revues scientifiques comme Matices en Lenguas Extranjeras, qui contribuent à la diffusion de savoirs globaux et locaux sur les langues, leur enseignement et leur apprentissage. Savoirs globaux représentés par les contenus d'articles transposables ou adaptables dans différents contextes, savoirs locaux qui par leur singularité, interrogent la transposition et l'adaptabilité ou mettent au jour, un objet nouveau, une notion, un concept original.

Dans l'ensemble des numéros accessibles gratuitement en ligne, la variété des objets (telle ou telle langue, tel ou tel niveau d'analyse, du lexique au discours, du phonème à la conversation), des thèmes abordés (la constitution littéraire, l'acte de traduction, les phénomènes de la communication et la formation des représentations et des identités linguistiques; les contextes culturels et institutionnels d'enseignement / apprentissage, les supports, les compétences et l'évaluation des productions ...), des approches théoriques (comparatisme, sociodidactique, grammaire fonctionnelle, structuralisme ...), met en évidence un écléctisme référentiel. Les bibliographies sont également révélatrices de focalisations mais aussi d'ouvertures riches d'informations pour les chercheurs. De bonnes raisons pour feuilleter ces revues et s'arrêter sur quelques articles avec les quels on entrera en intérêt de curiosité, de connaissances nouvelles, d'interrogations.

Avec la possibilité de publier des articles en français, c'est le choix du multilinguisme qui a conduit l'Agence universitaire de la Francophonie3 à apporter son appui technique à la revue dans le cadre de son projet "Valorisation du français, langue de diffusion de la recherche en Amérique Latine".


1 BOURDIEU, P., 1982, Ce que parler veut dire : l'économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard.
BOURDIEU, P., 1977, "L'économie des échanges linguistiques", Langue française, vol.34, pp. 17-34.
2 CALVET, L.-J., 1994, "Quel modèle sociolinguistique pour le Sénégal ? ou il n'y a pas que la véhicullarité", Langage et Société numéro 68, pp.89-107 (http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1994_num_68_1_2658).
CALVET L.-J., 1987, La guerre des langues et les politiques linguistiques, Paris, Payot.
3 https://www.auf.org/bureau/bureau-ameriques/


Patrick Chardenet
Éditeur invité
Maître de conférences en sciences du langage
Université de Bourgogne Franche Comté
Responsable de l'Antenne Amérique Latine
Bureau des Amériques de l'Agence universitaire de la Francophonie

Editorial

Las lenguas, un capital para las universidades

La lingüística nos ha enseñado que la capacidad de las estructuras de las lenguas (grafemas, fonemas, palabras, frases, enunciados, textos, discursos...), de combinarse para representar los objetos materiales e inmateriales del mundo conocido y plantear hipótesis sobre lo desconocido a través de sus ensamblajes, es casi infinita ya que las lenguas vivas son activas y se renuevan gracias a la actividad de los hablantes. Para todas las lenguas disponibles en espacios sociales de interlocución, esta dinámica engendra una variedad de sistemas y de combinaciones que dan cuenta de la adaptación a la densidad y a la complejidad de las necesidades de comunicación que no puede dar cuenta una sola lengua impuesta. La pluralidad de las lenguas siempre ha sido una ventaja cultural para la producción y difusión de las ciencias, y la traducción se ha impuesto como una coacción productiva, fuente de enriquecimiento del pensamiento científico y de sus aplicaciones tecnológicas. Así, el préstamo y la circulación de nociones son necesarios para la investigación.

Conocemos ya las perspectivas sociológicas de Pierre Bourdieu (1977; 1982)1, y sociolingüísticas de Louis-Jean Calvet (1987; 1994)2 que explican el capital lingüístico como un bien simbólico encargado de las relaciones sociales de poder. La posesión de este capital (por analogía a la posesión del capital económico) procura poder y su carencia conlleva al sujeto a la inseguridad. Estas perspectivas pueden aplicarse también a la lengua primera como a las lenguas extranjeras. En el espacio académico, en donde el manejo de las lenguas juega un rol determinante en la producción, la difusión, y la transmisión de saberes, este capital está representado por el repertorio lingüístico e idiomático de los sujetos (estudiantes, docentes-investigadores), pero también por el conjunto de soportes, recursos humanos e institucionales, que permiten a la universidad de acoger el Mundo (movilidad internacional entrante, la entrada de los saberes internacionales) y acceder al Mundo (movilidad internacional saliente, la salida de los saberes locales). Las revistas científicas son el corazón del dispositivo de contactos entre los saberes. Entre más multilingües son estas, mejor permiten comparar, unir e interrogar los saberes. El grado de internacionalización en términos de eficacidad científica no se mide a través de la utilización de una lengua supuestamente universal, sino a través del potencial de exposición a las lenguas de los estudiantes y de los docentes investigadores. Nosotros debemos ser conscientes de que solamente un tercio de la población mundial maneja las cinco lenguas más internacionalizadas (inglés, español, francés, árabe, portugués).

Disponer, en este actual momento en el que la aceleración de la internacionalización y de la desterritorialización de los flujos de comunicación permiten un desarrollo tecnológico rápido y masivo, de una sola lengua con el fin de facilitar los intercambios científicos, significa crear progresivamente las condiciones de golpes de freno más o menos bruscos en un momento dado, en un campo particular del conocimiento y por efecto en una determinada disciplina académica. Pauperización relativa de los saberes a través de reducciones conceptuales enmascaradas por una aparente facilidad de comunicación intensa y masiva, la imposición de una lengua única es un riesgo para la ciencia, para su producción que se basa en estrechos lazos entre pensamiento, lenguaje y lenguas) y para una mayor difusión en la comunicación científica y la enseñanza). Un idioma no se impone por sí mismo como lengua de la ciencia, sino por su ejercicio social que siempre se basa en el libre arbitrio de los interlocutores.

Por lo tanto, debe valorarse positivamente las decisiones estratégicas de revistas científicas como Matices en Lenguas Extranjeras, que contribuyen a la difusión de saberes globales y locales sobre las lenguas, su enseñanza y su aprendizaje. Saberes globales representados por los contenidos de los artículos transferibles o adaptables a diferentes contextos, saberes locales que debido a su singularidad interrogan la transposición y adaptabilidad y ponen de manifiesto, un objeto nuevo, una noción, un concepto original.

En todos los números accesibles gratuitamente en línea, la variedad de objetos (en una u otra lengua, en un determinado nivel de análisis, del léxico al discurso, del fonema a la conversación) de los temas abordados (la constitución literaria, el acto de traducción, los fenómenos de la comunicación, y la formación de representaciones y de entidades lingüísticas; los contextos culturales e institucionales de enseñanza/aprendizaje, los soportes, las competencias y la evaluación de las producciones...) los enfoques teóricos (comparatismo, socio-didáctica, gramática funcional, estructuralismo...) pone de manifiesto un eclecticismo referencial. Las bibliografías son igualmente reveladoras de focalizaciones pero también de aperturas ricas en informaciones para los investigadores. Estas son buenas razones para hojear estas revistas y detenerse sobre algunos artículos con los cuales se abrirá el interés por la curiosidad, de nuevos conocimientos y de preguntas.

Con la posibilidad de publicar artículos en francés, es la escogencia del multilingüismo que ha llevado a la Agence universitaire de la Francophonie3 a dar su apoyo técnico a la revista en el marco de su proyecto “Valorización del francés, lengua de difusión de la investigación en América Latina”.


1 BOURDIEU, P., 1982, Ce que parler veut dire : l'économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard.
BOURDIEU, P., 1977, "L'économie des échanges linguistiques", Langue française, vol.34, pp. 17-34.
2 CALVET, L.-J., 1994, "Quel modèle sociolinguistique pour le Sénégal ? ou il n'y a pas que la véhicullarité", Langage et Société numéro 68, pp.89-107 (http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1994_num_68_1_2658 ).
CALVET L.-J., 1987, La guerre des langues et les politiques linguistiques, Paris, Payot.
3https://www.auf.org/bureau/bureau-ameriques/

Patrick Chardenet
Editor invitado
Revista Matices en Lenguas Extranjeras (N° 8)
Profesor en sciences du langage
Universidad de Bourgogne Franche Comté
Responsable de la antena América Latina
Bureau des Amériques de l'Agence universitaire de la Francophonie

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Chardenet, P. (2014). Editorial. Matices en Lenguas Extranjeras, (8). https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/55728

ACM

[1]
Chardenet, P. 2014. Editorial. Matices en Lenguas Extranjeras. 8 (ene. 2014).

ACS

(1)
Chardenet, P. Editorial. Matices Leng. Extranj. 2014.

ABNT

CHARDENET, P. Editorial. Matices en Lenguas Extranjeras, [S. l.], n. 8, 2014. Disponível em: https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/55728. Acesso em: 25 abr. 2024.

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Chardenet, Patrick. 2014. «Editorial». Matices En Lenguas Extranjeras, n.º 8 (enero). https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/55728.

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Chardenet, P. (2014) «Editorial», Matices en Lenguas Extranjeras, (8). Disponible en: https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/55728 (Accedido: 25 abril 2024).

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[1]
P. Chardenet, «Editorial», Matices Leng. Extranj., n.º 8, ene. 2014.

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Chardenet, P. «Editorial». Matices en Lenguas Extranjeras, n.º 8, enero de 2014, https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/55728.

Turabian

Chardenet, Patrick. «Editorial». Matices en Lenguas Extranjeras, no. 8 (enero 1, 2014). Accedido abril 25, 2024. https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/55728.

Vancouver

1.
Chardenet P. Editorial. Matices Leng. Extranj. [Internet]. 1 de enero de 2014 [citado 25 de abril de 2024];(8). Disponible en: https://revistas.unal.edu.co/index.php/male/article/view/55728

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